Frédéric Debomy et Olivier Bramanti, Les Cahiers dessinés, 2012.
Les politiciens étaient venus de la capitale pour diffuser des paroles malveillantes, et les premiers miliciens étaient apparus sur la colline. Le régime en place avait décidé l’extermination de la minorité. Il jugeait cette « mauvaise ethnie » acquise à la rébellion armée du Front patriotique. Décidé à garder le pouvoir coûte que coûte, il avait su convaincre la population que l’éradication de ces « ennemis de l’intérieur » était une nécessité. Entre huit cent mille et un million de personnes avaient péri en trois mois. Sur sa colline, elle était la seule survivante du génocide, la seule à conserver le souvenir des siens. Sa famille, ses amis, son village : tout semblait à jamais effacé. Les caméras de télévision étaient pourtant venues, mais trop tard, après les massacres. Les journalistes cherchaient-ils à témoigner du drame ou juste à saluer l’abnégation des soldats du « seul pays de la communauté internationale à avoir tenté quelque chose » ? Cette histoire, c’est aussi l’histoire d’une rescapée.